Le TOC : Trouble obsessionnel Compulsif
Des pensées intrusives et incontrôlables génèrent une forte anxiété au quotidien ? Pour soulager cette anxiété vous avez mis en place des évitements et des rituels quotidiens qui vous prennent un temps significatif ? Ce fonctionnement altère votre qualité de vie quotidienne?
Vous souffrez peut-être d’un trouble obsessionnel compulsif.
Le TOC : de quoi parle-t-on ?
Ce trouble se compose, comme son nom l’indique, d’une composante cognitive (les obsessions) et d’une composante comportementale (les compulsions).
1. Les obsessions : ce sont des pensées intrusives, incontrôlables, qui génèrent une anxiété extrême. Ces obsessions sont regroupées en plusieurs thématiques : obsessions de souillure (germes, maladies…), obsessions d’agressivité (nommée également « phobie d’impulsion »), obsessions de malheur, sexuelles, religieuses, obsession d’erreur.
2. Les compulsions : ce sont les comportements mis en place pour diminuer l’anxiété produite par les obsessions. Ils peuvent se transformer en rituels quotidiens qui durent plusieurs heures et altèrent la qualité de vie. Les compulsions sont souvent liées à la thématique de l’obsession (compulsions de lavage pour les obsessions de souillure, compulsions de vérification pour les obsessions d’erreur… etc.). Les compulsions peuvent être comportementales ou mentales (exemple : rituel de comptage).
Un diagnostic de trouble obsessionnel compulsif doit être fait par un médecin, selon les critères du DSM-5 :
A. Présence d’obsessions et/ou de compulsions entrainant une anxiété et une détresse significative
B. Les obsessions et compulsions sont à l’origine d’une perte de temps considérable, d’une altération de la qualité de vie et d’une souffrance
C. Les obsessions et compulsions ne sont pas dues à une prise de substance ou à un autre trouble médical
D. Les obsessions et compulsions ne sont pas mieux expliquées par un autre trouble mental
Exemple : Sofia a peur des germes et des microbes. Dès qu’elle touche un objet manipulé par d’autres personnes comme la barre du métro, une poignée de porte, un terminal de paiement, des obsessions surgissent telles que « les germes sont sur mes mains et vont rentrer dans ma peau, mes mains sont dégoutantes, les germes vont venir à l’intérieur de moi ». Ces obsessions génèrent chez Sofia une anxiété pouvant aller à l’attaque de panique si elle ne se nettoie pas immédiatement les mains.
Afin de diminuer cette anxiété, Sofia met en place des évitements : elle sort rarement de chez elle, elle fait tous les trajets à pied pour éviter les transports en commun. Lorsqu’elle doit sortir et toucher des objets, elle se désinfecte immédiatement les mains avec un gel hydroalcoolique jusqu’aux coudes. Lorsqu’elle rentre chez elle, elle s’affère à son rituel de lavage : elle met ses habits et son sac à laver à 60 degrés, elle désinfecte à la lingette ses chaussures, son portable et son portefeuille, elle se douche pendant une heure en se frottant énergiquement tout le corps.
Petit à petit, Sofia s’isole chez elle, et à l’anxiété se rajoute la tristesse et le sentiment de solitude.
Comment ça arrive ?
Les recherches scientifiques actuelles ne permettent pas de déterminer quelles sont les causes exactes du développement d’un TOC. Comme souvent dans les troubles psychologiques, la cause est multifactorielle : traits de personnalité, évènements de vie traumatiques, prédisposition génétique et dysfonctionnement au niveau de neuromédiateurs.
Comme pour d’autres troubles (cf https://camillemarchandpsychologue.com/lanxiete-sociale/), une association s’installe entre obsession – anxiété- compulsion/évitement-diminution de l’anxiété. Ainsi, la compulsion et l’évitement permettent de soulager à court terme l’anxiété mais la maintiennent à long terme en validant l’obsession. La personne se retrouve alors prise au piège d’un cercle vicieux, ne pouvant pas s’empêcher de mettre en place les compulsions et vivant dans une anxiété de plus en plus forte.
Et après ?
La première étape est de prendre rendez-vous avec votre médecin généraliste ou votre psychiatre afin de discuter d’un diagnostic et de la pertinence d’un traitement médical. Un suivi psychologique est fortement recommandé, associé ou non à un traitement selon l’évaluation faite avec votre médecin.
Dans l’approche cognitive et comportementale, le psychologue va vous soutenir dans un travail de remise en question des obsessions, et d’exposition progressive avec une restriction des compulsions et des évitements (cf. https://camillemarchandpsychologue.com/se-liberer-de-ses-peurs-en-les-affrontant/).
Exemple : le psychiatre de Sofia lui prescrit des anxiolytiques ainsi qu’un traitement anti-dépresseur. Il lui conseille de prendre rendez-vous avec un.e psychologue.
Durant la thérapie, Sofia apprend à mettre en doute la gravité des germes et les risques pour sa santé. Sofia travaille également sur les souvenirs d’enfance qui ont ancré en elle cette peur.
Elle va également petit à petit s’exposer à son anxiété : elle va d’abord sortir sans gel hydroalcoolique ce qui l’oblige à attendre d’être chez elle pour se laver les mains. Lorsque cette exposition ne lui génère plus d’anxiété, elle s’empêche de laver ses habits à 60 degrés. Ainsi de suite, jusqu’à pouvoir à nouveau sortir en extérieur sans avoir besoin de mettre en place de rituels. Les exercices d’exposition sont définis durant la séance avec le/la psychologue afin qu’ils soient adaptés, et à chaque début de séance Sofia fait le bilan des expositions effectuées entre les séances.
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Sources
American Psychiatric Association, 2016. Mini DSM-5 Critères diagnostiques, Elsevier Masson
Chapelle F. , 2007. Les TOC : quand le quotidien tourne à l’obsession, in : Les éditions Milan n°248
Institut du cerveau (ICM), 2020. Quels sont les mécanismes biologiques des TOC ?, https://institutducerveau-icm.org/fr/toc/quels-sont-les-mecanismes-biologiques-des-toc/