La dépression
La dépression

La dépression

La dépression

Vous vous sentez triste tous les jours ?

Vous pleurez régulièrement ?

Vous avez l’impression de ne plus avoir d’énergie, d’envie, ni de plaisir dans toutes les sphères de votre vie ?

Vous avez du mal à vous concentrer et à mémoriser ?

Votre sommeil et votre alimentation ont changé ?

Vous vivez peut-être ce que l’on appelle un « trouble dépressif caractérisé ».

La dépression : de quoi parle-t-on ?

Selon le DSM-5 (le manuel médical des maladies psychiques), un médecin peut poser un diagnostic de « trouble dépressif caractérisé » si la personne présente au moins 5 des symptômes suivants, depuis au moins deux semaines :

– Une humeur triste présente quasiment toute la journée et tous les jours : sentiment de tristesse, de vide, de désespoir, irritabilité.

– Une perte d’intérêt, d’envie et de plaisir pour toutes les activités (personnelles, amicales, professionnelles, familiales), quasiment tous les jours.

– Une augmentation ou une diminution de l’appétit, ayant pour conséquence un gain ou une perte de poids (en l’absence de régime).

– Une augmentation significative du temps de sommeil ou, au contraire, des insomnies.

– Une agitation motrice : la sensation d’être nerveux, agité. Ou au contraire un ralentissement psychomoteur : sensation d’être « mou ». Ce symptôme doit être aussi remarqué par l’entourage.

– Une fatigue et une perte d’énergie quotidienne.

– Une diminution de l’estime de soi, des pensées dévalorisantes et culpabilisantes quasiment tous les jours.

– Une diminution de la capacité à se concentrer sur une tâche et à mémoriser.

– Des idées de mort, voire des idées suicidaires avec ou sans passage à l’acte.

Nous pouvons également évoquer deux autres diagnostics présentés dans le DSM-5 :

– Le « trouble dépressif persistant » : regroupe les mêmes symptôme mais présents depuis au moins 2 ans.

– Le « trouble dysphorique prémenstruel » : les symptômes dépressifs ne sont présents que les jours précédents les menstruations.

Pour le reste de cet article, nous nous intéressons principalement au « trouble dépressif caractérisé » chez l’adulte.

Exemple : Tony

Tony a 30 ans, il est paysagiste.

Depuis 6 mois, il ne sort plus de chez lui. Il effectue tout son travail à la maison. Il n’éprouve plus aucun intérêt à faire son métier, alors qu’il aimait beaucoup son emploi auparavant. Maintenant, chaque tâche lui coute trop d’énergie et il fait le minimum qui lui est demandé.

Il a également arrêté toutes les activités qui le ressourçaient : il ne sort plus le soir avec ses ami( e )s, évite les repas de famille, ne va plus à l’escalade.

Il a progressivement arrêté de manger, il ne trouve plus l’énergie de se faire des repas. Il s’ouvre de temps en temps des paquets de chips ou de gâteaux.

De manière générale, Tony se sent fatigué, triste et angoissé dès le réveil. Il ne ressent plus d’envie ni d’énergie pour effectuer les tâches du quotidien : il ne se douche que ponctuellement, ne range pas son appartement… etc. Lorsqu’il n’est pas obligé de travailler, il dort ou regarde le télévision.

Cet état l’amène à se juger « minable » et à se sentir coupable, ce qui augmente sa tristesse et son mal-être.

Il se sent également irritable, la moindre contrariété peut l’amèner à se mettre en colère ou à fondre en larmes.

Depuis quelques jours, Tony se sent tellement désespéré par son état qu’il en vient à avoir des idées noires « à quoi bon vivre, si c’est pour vivre comme ça ? ». Il décide alors de consulter un psychiatre et une psychologue.

Pourquoi ça arrive ?

Comme toute difficulté psychologique, le développement d’un épisode dépressif nécessite une interaction entre plusieurs facteurs.

Les causes sont différentes d’une personne à une autre, en voici quelques-unes :

– Les facteurs prédisposant dus à notre histoire de vie : traumatismes passés, troubles dépressifs dans la famille, rabaissement par les parents, harcèlement scolaire… etc.

Les facteurs précipitant actuels : évènement stressant (mariage, perte d’un emploi…), difficultés dans la sphère professionnelle et/ou personnelle (rupture, harcèlement au travail…). Cependant, il n’est pas nécessaire de vivre un évènement particulier pour se sentir déprimé(e). Certaines personnes vivent un épisode dépressif sans trouver de cause dans le moment présent.

Les facteurs bioneurologiques : la dépression pourrait être favorisée par un déficit de transmission entre les neurotransmetteurs. Si vous souhaitez plus d’informations à ce sujet, vous trouverez deux articles scientifiques dans la partie « sources ».

Le cercle vicieux entre les pensées, les émotions et les comportements : Lorsque l’on est déprimé, certaines pensées vont maintenir et exacerber la tristesse. C’est ce que A. Beck (1976) nomme la triade dépressive : une personne déprimée présente souvent des pensées négatives sur soi (culpabilité, sentiment de ne pas être assez bien), sur le monde et sur le futur. Ces pensées vont précipiter des émotions comme la tristesse, le désespoir et la culpabilité. Ces émotions entravent la personne dans la recherche d’un mieux-être et l’amènent petit à petit à se replier sur elle-même. Ce repli va maintenir les pensées négatives. La personne se retrouve alors prise dans un cercle vicieux dépressogène.

Comment on s’en sort ?

Si vous vous questionnez sur le fait de vivre un épisode dépressif, il est conseillé de prendre rendez-vous avec votre médecin généraliste ou un psychiatre afin d’effectuer un diagnostic et d’évaluer la nécessité ou non d’un traitement anti-dépresseur.

Vous pouvez également prendre rendez-vous avec un psychologue pour travailler sur le cercle vicieux dépressogène et les facteurs prédisposant.

Si vous avez fréquemment des idées noires, voire des idées suicidaires, il est absolument nécessaire de vous rapprocher d’un médecin. Vous pouvez également appeler le 15 ou le 112 (numéro des urgences en Europe).

Afin de rompre le cercle vicieux dépressogène, travailler sur l’activation comportementale peut être une clé. L’objectif de cet exercice est de reprendre progressivement un rythme de vie qui sort de l’inactivité et ainsi rompt le cercle vicieux.

Étape 1 : notez 1 tâche par jour en déterminant l’heure exacte et la durée de la tâche sur votre agenda.

La tâche doit être : facilement faisable, courte, adaptée à votre niveau d’énergie.

– Étape 2 : une fois la tâche réalisée, félicitez-vous. Ne cherchez pas à faire plus que ce que vous avez noté sur votre agenda.

Étape 3 : lorsque vous vous sentez à l’aise avec 1 tâche par jour, vous pouvez passer à 2 tâches par jour et ainsi de suite jusqu’à retrouver un rythme de vie moins dépressogène.

Si vous n’arrivez pas à faire la tâche, essayez d’explorer les blocages. Il est fort probable que vous vous soyez mis la barre trop haute, tentez de refaire l’exercice mais avec une tâche plus simple et plus courte.

Exemple : Tony

Tony a réussi à maintenir son rythme professionnel. Cependant, lorsqu’il n’est pas au travail, il passe son temps libre dans le lit devant son ordinateur.

Avec sa psychologue, Tony définit quelques règles pour rompre le cercle vicieux : lorsqu’il ne dort pas, il doit se lever de son lit. Même s’il continue à regarder son ordinateur, il doit le faire hors du lit, pas exemple sur le canapé. Il doit également se noter 1 tâche par jour.

Voici l’agenda de la semaine pour Tony :

– Lundi : 18h à 18h20, prendre un bain

-Mardi : 18h-18h15, faire une tasse de café et la boire sur le balcon

-Mercredi : 19h-19h20, faire la vaisselle

-Jeudi : 19h-19h20, jeter les poubelles

-Vendredi : 20h – 20h30, lire une BD

-Samedi : 19h-19h20, faire la vaisselle

-Dimanche : 11h-11h30, aller chercher une chocolatine à la boulangerie

Une autre clé et d’analyser et remettre en questions vos ruminations dépressogènes. Voici un article qui peut vous aider pour ce travail : https://camillemarchandpsychologue.com/les-pensees-qui-font-souffrir-travailler-sur-les-biais-cognitifs/

Rappelons qu’en cas d’épisode dépressif modéré à sévère, la consultation avec un médecin et un psychologue est fortement recommandée. En présence d’idées suicidaires, ne vous conseillons de prendre rapidement rendez-vous ou de composer le 15 afin d’obtenir une aide rapide.

Cet article vous a plu ? Vous sentez que vous avez besoin d’aide ?

N’hésitez pas à prendre contact pour poser vos questions ou prendre un rdv .

Sources

American Psychiatric Association (2016), Mini DSM-5 critères diagnostiques, 107-108, in : Elsevier Masson

Blackburn IM, Cottraux J (2008). Psychothérapie cognitive de la dépression, in : Masson

Insitut du cerveau. Quels sont les mécanismes biologiques de la dépression ? https://institutducerveau-icm.org/fr/depression/mecanismes/

Soumaille, S. (2015). Les mécanismes de la dépression. In: Planète Santé, https://www.planetesante.ch/Magazine/Autour-de-la-maladie/Depression/Les-mecanismes-de-la-depression